
Aussi étonnant que cela puisse paraître, surtout pour les personnes qui me connaissent bien, j’ai commencé ma carrière professionnelle dans l’immobilier. À cette époque j’étais paumée et j’ai cherché une voie qui, je le pensais, allait me permettre une certaine forme de liberté. C’était sans compter sur toutes mes valeurs profondes qui allaient être bafouées durant ces 7 années et qui m’ont fait toucher le fond. J’étais en dissonance cognitive...
Qu’est-ce que la dissonance cognitive ?
C’est à Léon Festinger que l’on doit la théorie de la dissonance cognitive, il élabore sa théorie dans les années 50, alors qu’il est professeur en psychologie sociale à l’Université Stanford.
« Dissonance » signifie que deux choses ne s'accordent pas, « cognitive » fait référence aux grandes fonctions de l'esprit, c'est-à-dire, les idées, les opinions, le comportement etc.La dissonance cognitive est donc la tension consciente ou inconsciente d'une personne qui ne parvient pas à accorder deux pensées ou actes contradictoires. Cela peut-être, par exemple, de faire des actes qui sont en désaccord avec ses valeurs, de devoir faire des actions sous la contrainte (induites par des sanctions ou des récompenses) ou être face à des informations qui viennent perturber nos croyances personnelles, ou se rendre compte que ce que nous pensions vrai et que nous défendions étaient en fait faux. La dissonance va apparaître lorsque l'image de soi est menacée.
Elle va entraîner des troubles plus ou moins importants en fonction de l’intensité de la tension psychologique entre les deux. Cela peut aller du mal-être à une profonde dépression.
Plus une personne ressent de la dissonance plus elle aura le besoin de l'atténuer pour se sentir mieux. Elle peut avoir recours à un ou plusieurs modes de réduction de la dissonance cognitive qui lui donneront le sentiment de rétablir un équilibre cognitif interne.
Quels sont ces modes de réductions ?
- Le changement de comportement. Il n’est pas toujours facile à appliquer car il peut y avoir des résistances au changement et cela peut induire d’autres problématiques. Exemple : quelqu’un qui n’est pas d’accord avec les nouveaux termes de son contrat de travail car cela lui demande de faire des choses qu’il n’accepte pas. Il pourrait les refuser et démissionner mais cela peut avoir d’autres conséquences. En effet, en se retrouvant sans emploi il risque une perte financière qui le mettra en insécurité et donc à nouveau en dissonance, d’autant plus si la valeur « sécurité » est forte pour lui.
- La rationalisation cognitive. Exemple du fumeur qui sait que fumer est mauvais pour la santé mais fume quand-même. Il pourrait diminuer cette dissonance en arrivant à se convaincre que ce n’est pas si mauvais que ça de fumer, ainsi, continuer de fumer ne sera plus autant dissonant . Cela peut être aussi d’ajouter à son système de croyances des cognitions qui seraient cohérentes avec son comportement. Pour l’exemple du fumeur il s’agira d’aller chercher des études, même complètement faussées, démontrant que fumer n’est pas si cancérigènes que ça. Ainsi, elle va rajouter des données, des explications, de nouvelles cognitions qui vont être en adéquation avec son comportement.
- En recherchant un entourage social qui va partager ses convictions, ses croyances, ses cognitions et donc éviter les avis contraires. Cela va permettre de conforter la personne et de renforcer les cognitions qui sont en adéquation et cohérence avec le comportement.
- la trivialisation. Ce mécanisme permet de diminuer l’importance perçue de la dissonance. Exemple du fumeur qui se dit « il faut bien mourir de quelque chose »
- Le déni de la cognition dissonante. La personne va nier la véracité des nouvelles cognitions. Dans notre exemple du fumeur, s'il tombe sur un article qui dit que fumer peut donner le cancer du poumon, il va nier la nouvelle cognition en disant : "Ce n'est pas vrai, c'est du grand n'importe quoi."
Même si nous nous accommoderons très bien de ces petits mensonges et arrangements internes, parce qu’il s’agit bien de cela, les dissonances cognitives peuvent dans certains cas avoir des répercussions plus importantes. Les différentes stratégies ne seront pas toujours efficaces pour les réduire et cela pourra, au fil du temps, impacter la santé psychologique de la personne.
Ne pas être dans le déni et prendre conscience de ses dissonances cognitives est déjà une première étape importante. Essayer de voir comment on peut être davantage en accord avec soi-même est une seconde étape, cela demande aussi de bien se connaître, d’être honnête avec soi-même (l’égo peut en prendre un coup) et d’avoir connaissance de ses valeurs profondes.
Pour éviter ces situations il est important que dans les choix que nous faisons au quotidien, notamment pour des décisions importantes à prendre, de s’assurer que ses envies, ses valeurs, ses opinions soient bien alignées avec les comportements que nos choix vont nous faire prendre.
Et toi, as-tu repéré certaines cognitions et comportements qui sont en dissonance dans ta vie ?
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